Une nouvelle souche, très agressive du virus du Sida, a été découverte à Cuba, rapporte le site de Courrier International samedi. Une étude conjointe des chercheurs de l’université de Louvain en Belgique et de l’Institut de Médecine Tropicale Pedro Kouri de La Havane, a été publiée dans la revue scientifique EBioMedecine. Portant sur 95 patients, elle décrit une variante très virulente du VIH qui provoque chez les personnes infectées l’apparition d’une charge virale très importante.
Du VIH au Sida en moins de 3 ans
Les chercheurs ont étudié le sang de 73 patients récemment infectés avec le VIH, 52 ayant contracté le Sida et 21 ne l’ayant pas encore déclaré. Et ils ont comparé ces résultats avec des échantillons provenant de 22 patients qui avaient déclaré la maladie plus de trois ans après leur contamination par le VIH. Aucun des patients n’avait engagé de thérapie contre le virus. Il ressort de ces observations que tous les patients touchés par cette nouvelle souche ont déclaré le Sida en moins de trois ans, contre un délai allant de six à dix ans habituellement. La phase pendant laquelle le porteur du virus reste en bonne santé est donc réduite.
Trois virus combinés en un
La nouvelle souche proviendrait de la combinaison de trois variantes du VIH. Le docteur Hector Bolivar, spécialiste des maladies infectieuses à l’Ecole de Médecine Miller de Miami, explique dans le Miami Herald que les scientifiques connaissent depuis longtemps « cette capacité du virus du VIH à muter et à créer de nouvelles versions ». Il rappelle que « 60 souches du virus sont déjà recensées ». Mais c’est la progression très rapide de la maladie sur l’île qui inquiète les scientifiques et le fait qu’elle se déclare si rapidement que les patients n’engagent une thérapie antivirale qu’à un stade trop avancé de l’infection. En plus de cette difficulté de diagnostic, les chercheurs s’inquiètent aussi d’une plus grande résistance aux traitements de ces souches mutantes, remettant en cause les efforts pour aboutir à un vaccin.
Cela dit, les chercheurs reconnaissent que le nombre de cas étudiés (95) est trop restreint pour tirer des conclusions générales. La faible utilisation de préservatifs, dont la pénurie est chronique dans les officines, joue aussi son rôle.