source : http://www.anrs.fr/fr/actualites/311/la-conference-de-lias-cest-pour-bientot
Pourquoi un vaccin contre le VIH est-il nécessaire ?
Depuis le début de l’épidémie, de nombreux progrès ont été obtenus. Les traitements antirétroviraux permettent de contrôler l’infection chez la grande majorité des patients qui les prennent. Mais ce sont des traitements à vie. Récemment, de nouvelles stratégies de prévention ont aussi été développées, comme la prophylaxie pré-exposition. Elles sont efficaces mais pas forcément adaptées pour tout le monde. Dans le même temps, l’épidémie continue. Deux millions de personnes ont été infectées par le VIH dans le monde en 2015, et un million des 36 millions qui vivent avec ce virus sont décédées cette même année. Parvenir à mettre au point un vaccin efficace, qui protège durant toute la vie, serait la meilleure solution pour enrayer l’épidémie à l’échelle de l’humanité.
Quelles sont les difficultés rencontrées pour qu’un tel vaccin existe ?
Elles sont nombreuses. La première tient à l’extrême diversité génétique du VIH. Chez une personne infectée, il mute en permanence, ce qui lui permet d’échapper aux réponses du système immunitaire. Il circule ainsi énormément de VIH différents dans le monde. Une autre difficulté est que le virus se dissémine très rapidement dans l’organisme. L’infection devient ainsi persistante très vite. Enfin, le VIH infecte les cellules du système immunitaire, ce qui perturbe son fonctionnement. Il est ainsi très compliqué de parvenir à lever l’ensemble de ces obstacles. J’ajoute que nous ne disposons pas pour l’infection par le VIH de corrélats immunologiques de protection clairs. Nous n’avons pas d’exemples de personnes contaminées qui auraient éliminé le VIH sans intervention, ce qui nous guiderait sur le type de réponse immunitaire à induire par le vaccin pour obtenir une protection efficace.
Où en sont les recherches à l’heure actuelle ?
La recherche sur le vaccin préventif contre le VIH est très active depuis longtemps. Plus de 400 essais cliniques ont été réalisés jusqu’à présent sur des candidats vaccins. Malheureusement, un seul d’entre eux a montré une efficacité, mais qui était modeste (31% de protection) et qui diminuait avec le temps. Ces dernières années, des anticorps neutralisants à large spectre ont été identifiés et caractérisés. Ils sont capables de reconnaître de nombreuses souches différentes du virus et d’empêcher l’infection in vitro et dans des modèles animaux. On les retrouve chez environ 25% des patients infectés. Mais ces anticorps mettent trop longtemps à apparaître. Les recherches en cours visent à savoir comment apprendre au système immunitaire à fabriquer ces anticorps neutralisants, ceci de façon rapide. Cela constitue un vrai défi. D’autres travaux ont pour objectif d’induire la production de cellules immunitaires capables de détruire les cellules infectées dès l’entrée du virus. Il est probable que le futur vaccin sera une combinaison de ces différentes approches. Les recherches en cours sont en très bonne voie. Mais il est difficile de prédire précisément quand elles aboutiront enfin à un vaccin préventif contre le VIH/sida efficace à 100% et disponible pour tous.