« T’as pas le Sida j’espère ?! » Cette phrase a marqué Fred Colby. Aujourd’hui âgé de 39 ans, rédacteur dans une association de lutte contre le VIH et blogueur, il a découvert sa séropositivité en 2009. En 10 ans, son parcours l’a amené à questionner son rapport à la maladie. Il livre un récit de sa vie à cœur ouvert dans T’as pas le Sida j’espère ?!, à paraître le 16 octobre prochain.
(…) « La sérophobie, c’est l’ignorance. Comme toutes les phobies. Elle existe dans les rencontres amoureuses ou sexuelles. Sur les applis, on te bloque quand tu dis que tu es séropositif. Elle peut être aussi institutionnelle, de la part des assureurs par exemple. Si je souscris à une assurance pour un prêt immobilier, je vais être obligé de mentir et dire que je suis séronégatif. Sinon je vais devoir payer des surprimes. Dans le domaine de la santé, tu peux vivre des refus de soins plus ou moins déguisés. Il y a quelques années, Aides avait appelé des dentistes en se faisant passer pour des personnes avec le VIH. 1 sur 3 refusait de donner un rendez-vous : pas avant 3 mois, à 20 heures ou en prétextant ne pas être équipé pour les accueillir. Ça n’a aucun sens, le matériel de stérilisation est le même.
Un statut de citoyen de seconde zone ?
Exactement, d’autant que c’est une peur irrationnelle. Les avancées thérapeutiques sont extraordinaires. Le traitement que je prends me permet d’avoir une espérance de vie normale et empêche la transmission. Il y a un fossé entre la science et les représentations des séropos par la population générale – y compris les soignants qui sont mal informés. »