Evolution des attitudes envers les personnes vivant avec le VIH/sida

Quelle évolution des attitudes à l’égard des personnes séropositives ?http://www.lecrips-idf.net/

L’enquête sur Les connaissances, attitudes, croyances et comportements face au VIH/sida en Ile-de-France en 2010 (publiée en 2011 par l’ORS, l’ANRS, l’Inpes et le GIS-Iresp) rend compte de l’évolution des attitudes à l’égard des personnes séropositives.

Les répondant.e.s à l’enquête expriment des attitudes favorables vis-à-vis des personnes vivant avec le VIH.

  • 94,3% des répondants accepteraient de « travailler en compagnie d’une personne séropositive »,
  • 91,3% de « partir en vacances avec elle »,
  • 90,2% « d’aller manger chez une personne séropositive ».

Mais plus les questions posées ont trait à l’intimité et à la proximité, moins les réponses sont favorables.

  • 72,5% accepteraient de « laisser leurs enfants ou leurs petits-enfants en sa compagnie »
  • 17,5% d’« avoir des relations sexuelles avec elle en utilisant en préservatif ».

Les déclarations d’attitudes favorables envers les personnes séropositives sont mises à mal dès lors qu’est évoquée la proximité ou l’intimité avec une PvVIH.

Des discriminations fréquemment ressenties par les PvVIH

Deux enquêtes fournissent des indicateurs quant au niveau de discriminations ressenties par les personnes séropositives : la 5è enquête sur les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH (réalisée en 2012 par Sida Info Service) et l’enquête Vespa2 : vivre avec le VIH (menée en 2011 par l’ANRS).

La 5è enquête sur les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH (de Sida Info Service) constate un recul du sentiment d’avoir été discriminé par rapport à 2005 (baisse de 9 points). Néanmoins, le quart des personnes qui estiment ne pas avoir été discriminées relatent une situation qu’elles qualifieraient finalement de discriminante.

L’enquête ANRS-Vespa2, quant à elle, rapporte que plus d’un quart des répondant.e.s (26 %) considèrent avoir subi des traitements discriminatoires durant les deux années précédant cette enquête.

Cette enquête apporte des précisions sur la proportion des personnes séropositives ayant déclaré des discriminations :

  • 22 % des femmes séropositives UDI
  • 20 % des femmes séropositives non-immigrées originaires d’Afrique subsaharienne
  • 18 % des femmes séropositives immigrées d’Afrique subsaharienne

Contre

  • 17 % des hommes séropositifs UDI
  • 11 % des HSH séropositifs
  • 8 % des hommes séropositifs immigrés d’Afrique subsaharienne
  • 6 % des hommes séropositifs non-immigrés originaires d’Afrique subsaharienne

Les femmes séropositives déclarent plus souvent avoir vécu des discriminations en raison de leur séropositivité que les hommes séropositifs.

Le sentiment d’être discriminé survient peu après le diagnostic de séropositivité

La 5è enquête sur les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH (de Sida Info Service) constate un phénomène inquiétant : le sentiment d’avoir été discriminé semble s’exprimer peu après le diagnostic de séropositivité (moins de trois ans après), laissant supposer une survenue plus régulière de situations vécues comme discriminantes.

L’entourage, le milieu des soins, le monde du travail : trois sphères de sérophobie vécue par les PvVIH

Même si les discriminations ressenties et leurs formes peuvent différer selon le vécu des personnes séropositives, il n’en demeure pas moins que l’entourage, le milieu des soins, le monde du travail sont les trois sphères fréquemment citées dans les récits de situations jugées discriminantes.

Ainsi, selon la 5è enquête sur les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH :

  • 46.6 % des répondant-e-s à l’enquête ont rapporté des traitements discriminatoires dans le domaine de la santé
  • 26,5 % en ont vécu dans leur entourage
  • 19% dans le monde du travail

L’enquête ANRS-Vespa2 apporte un autre regard sur le vécu des discriminations par les participant-e-s à l’enquête dans ces trois sphères :

  • 11 % déclarent avoir été victimes de discriminations au sein de leur famille
    • 8% en milieu de soins
      – La fréquence des discriminations ressenties dans ce milieu suit l’âge des personnes séropositives. Ainsi, plus les personnes séropositives sont jeunes, plus elles témoignent de discriminations.
      – Par ailleurs, les femmes séropositives sont sur-représentées dans les déclarations de discriminations vécues dans les services de santé.
      – De même, les personnes vivant avec le VIH sans emploi déclarent davantage avoir subi des discriminations par les soignants que les personnes séropositives en activité.
    • 6% en milieu professionnel. La recherche d’emploi s’avère particulièrement difficile pour les personnes séropositives âgées de plus de 55 ans.

      Dans le milieu professionnel, les derniers baromètres des discriminations au travail, publiés par l’OIT en 2009, 2010 et 2011, semblent indiquer une baisse des attitudes discriminantes envers les personnes séropositives en milieu professionnel. Cependant, les témoignages de salarié-e-s vivant avec le VIH viennent nuancer ce tableau. Ils évoquent unisolement provoqué par l’annonce personnelle de leur séropositivité (pression exercée, stigmatisation, mise au placard).