120 battements par minutes : sortie en salle le 23 Août 2017

 

Réalisé par Robin Campillo avec Arnaud Valois (Nathan) , Nahuel Pérez Biscayart (Sean) , Adèle Haenel (Sophie) … Voir la distribution

Synopsis

Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans,  multiples militants d’Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l’indifférence générale. Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean qui consume ses dernières forces dans l’action…

Critique du 22/08/2017 : par Louis Guichard

Attention, ne pas réduire le Grand Prix du dernier Festival de Cannes à sa réputation de film qui fait pleurer des salles entières. Au-delà de ce pouvoir indéniable, d’autres dimensions font la force du troisième long métrage de Robin Campillo. Il y a, d’abord, cette approche directe qui s’exprime dès la première scène, au début des années 1990. « Bienvenue à Act Up, créé en 1989 sur le modèle d’Act Up New York. Ce n’est pas une association de soutien aux malades, mais un groupe d’activistes qui vise à défendre les droits de toutes les personnes touchées par le sida. » Voilà le discours d’accueil d’un militant, destiné aux nouveaux venus avant la réunion hebdomadaire. Dire les choses, c’est le point commun de tous les personnages, qui débattent ou s’affrontent sur les actions à mener en ce temps où l’on meurt du sida dans l’indifférence — des pouvoirs publics, des laboratoires, de la société. Certains participants sont déjà malades, d’autres séronégatifs. Il y a des homos et des hétéros, femmes et hommes, des hémophiles contaminés, des mères de séropositifs. Le sentiment d’urgence n’empêche pas l’humour — cinglant —, l’autodérision, les inimitiés et les désaccords majeurs. Avec ce percutant théâtre de la parole, 120 Battements par minute réussit d’emblée sur un terrain réputé aride (la discussion politique filmée), où seuls les documentaristes, en général, se risquent.

Loin, aussi, du consensus lacrymal dont la rumeur enrobe le film depuis des mois, la subversion est là : Robin Campillo resserre l’action autour de jeunes gays qui placent la sexualité au-dessus de tout. Ils conjuguent le verbe baiser à tous les temps, et ne se contentent pas de le dire. C’est une génération qui a commencé sa vie d’adulte sans pouvoir profiter des acquis récents de la libération des mœurs, à cause de la hantise du sida, mais qui refuse de renoncer au plaisir. Jusque dans une chambre d’hôpital. Le cinéaste endosse résolument leur point de vue, qui est loin d’aller de soi dans le monde d’aujourd’hui, ressaisi par l’ordre moral.

Thibault, leader du mouvement (inspiré par le vrai cofondateur d’Act Up Didier Lestrade), est un orateur-né, qui arrondit les angles et exaspère Sean, séropositif comme lui, mais profondément révolté, androgyne et histrionique — et de plus en plus fragilisé par la maladie. Nathan (double possible de Robin Campillo à l’époque), arrivé depuis peu dans l’association, épargné par le virus, tombe amoureux de Sean et entame une histoire avec lui. Les trois interprètes sont époustouflants, chacun dans leur registre : le disert Antoine Reinartz, le fiévreux Nahuel Pérez Biscayart (révélé par Au fond des bois, de Benoit Jacquot) et le doux Arnaud Valois. Ce triangle se détache d’un groupe de personnages tous marquants et attachants, dont la pasionaria jouée par Adèle Haenel.

Le film impressionne par la fluidité de sa montée en puissance, la sophistication discrète de sa structure. La reconstitution des années Act Up (actions spectaculaires comprises), qui semble déjà un film en soi, laisse peu à peu éclore l’histoire intimiste — l’amour tragique entre Sean et Nathan. La fresque documentée, sans passer au second plan, y gagne une extrême intensité romanesque, proche d’Angels in America, la pièce (et série) américaine de référence sur le sida. Robin Campillo sait ralentir le rythme, éterniser les premières étreintes et les récits biographiques des personnages, tout en gardant le fil de l’engagement collectif. Il sait aussi insérer dans sa mise en scène réaliste des images mentales (la Seine devenue rouge sang) et des télescopages historiques : au stade terminal, à l’agonie, un étudiant se souvient d’un texte sur la Commune tandis qu’à l’image le groupe d’activistes manifeste dans Paris. Comme une lignée séculaire de l’insurrection. Un mémorial en miroir.

Jusque dans le magnifique dernier acte, celui des adieux, il y a mieux que de la justesse. L’énigme de l’ange gardien Nathan, par exemple, personnage sain et sauf qui semble ne vouloir aimer et désirer que des garçons séropositifs. Le ton du film dans les parages de la mort surprend aussi, si peu solennel. Des gestes concrets, domestiques, logistiques. Des décisions collectives, en famille, entre amis, entre militants. Aucune grandiloquence, car le sida n’est pas un destin, mais un accident — comme un monologue ironique de Sean l’a rappelé. Dans les ultimes scènes, il s’agit avant tout de donner au plus vite une utilité, une résonance à la disparition absurde d’un jeune homme. Et la fidélité à celui qui ne voulait pas mourir consiste à revivre et aimer aussitôt, sans délai de décence, ni aucun scrupule, bien au contraire. En recevant son prix à Cannes, Robin Campillo l’a d’ailleurs dédié non pas seulement aux morts de cette époque, mais aussi à tous ceux qui ont survécu.
source : http://www.telerama.fr/cinema/films/120-battements-par-minute,518013,critique.phpe:

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Le sida n’est pas terminé, moins encore le VIH ; revue des phrases-clés de l’IAS 2017 qui illustrent cette non-fin

Le sida n’est pas terminé, moins encore le VIH ; revue des phrases-clés de l’IAS 2017 qui illustrent cette non-fin:
extrait de l’article de GillesPIALOUX

http://www.edimark.fr/ejournaux/IAS/2017/zoom/10982/etude-emerald-switch-ip-r-tdf-ftc-vers-d-c-f-taf?newsletter_id=1634&email=relaisvih%40gmail.com

Difficile de se faire une idée entre craintes et espoirs, entre “cure” et traitement à vie, entre stigma et banalisation, entre prévention et traitement, entre PreP et vaccin, entre maladie chronique et crise aiguë, entre STR et dual therapy, entre multithérapie quotidienne et allègement, entre liberté individuelle et notification des partenaires, entre PrEP VIH et IST non VIH… Et de savoir si cette IAS 2017 nous offre quelque chose que l’on peut rapporter dans sa consultation, son laboratoire, son association, son équipe de recherche, ou dans sa vie avec le VIH. Même si l’on sait parfaitement que l’IAS est avant tout une tribune politique.

Revue des phrases-clés.

Il s’agit de la deuxième fois, après 1986 et 2003, que la France accueille cette conférence. La France est en effet un acteur historique de la lutte contre le VIH/sida, une de nos priorités dans le domaine de la santé mondiale. Ainsi, notre pays est le deuxième contributeur du fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme derrière les États-Unis. Depuis la création de ce fonds, le total cumulé de notre contribution a atteint 4,8 milliards de dollars. Cette première conférence mondiale depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir s’est donc légitimement tourné vers l’Amérique. “Les Américains représentent un financement essentiel dans ce domaine et nous avons besoin qu’ils restent engagés”, a déclaré en ouverture la chercheuse Linda-Gail Bekker de sa voie fluette, présidente de la Société internationale du sida (IAS), qui coorganise la conférence avec l’agence française ANRS.
Dans le cas contraire, cela se traduirait par des morts et de nouvelles contaminations, a-t-elle averti : “Des coupes draconiennes dans la recherche et le financement de la lutte contre le sida seraient une catastrophe que nous ne pouvons pas nous permettre”. L’an dernier, les États-Unis ont consacré 4,9 milliards de dollars (4,2 milliards d’euros) à des programmes de lutte contre le sida, très loin devant le Royaume-Uni (645,6 millions) et la France (242,4 millions). Si les coupes annoncées par Trump sont adoptées par le Congrès, elles priveront 830 000 patients − essentiellement Afro-Américains − d’antirétroviraux, traitements qui empêchent le développement du virus, estime la Kaiser Family Foundation. Elles entraîneront en outre 200 000 nouvelles infections, prévoit cette ONG américaine. (suite…)

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Opérations funéraires : le VIH et les hépatites virales retirés de la liste des pathologies faisant l’objet d’une interdiction de soins de conservation

Communiqué de presse:https://cns.sante.fr/communiques-de-presse/operations-funeraires-vih-hepatites-virales-retires-de-liste-pathologies-faisant-lobjet-dune-interdiction-de-soins-de-conservation/ L’Arrêté du 12 juillet 2017, qui retire l’infection par le VIH et les hépatites virales de la liste des infections transmissibles prescrivant ou portant interdiction de certaines…

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Efficacité d’une troisième ligne de traitements antirétroviraux dans les pays du sud

http://www.anrs.fr/fr/presse/communiques-de-presse/337/efficacite-dune-troisieme-ligne-de-traitements-antiretroviraux Pour la première fois, des chercheurs démontrent l’efficacité d’un traitement antirétroviral de 3ème ligne en Afrique subsaharienne. La cohorte ANRS THILAO est menée sous la double responsabilité du Pr…

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